images aero: 1. Nadar 1858

Nadar, ou "Tout commence en 1858".
L'idée d'un renouvellement des systèmes cartographique grâce à des photographies prises du ciel commence à pointer, notamment au travers du brevet déposé le 23 octobre 1858 par Nadar. Il y décrit comment fixer l'appareil photographique sur le bord d'une nacelle ou au fond de celle-ci afin d'avoir un angle le plus perpendiculaire possible et réaliser des plans.
Pour l'époque, cette idée est purement et simplement révolutionnaire, il existe déjà peu de photographes en extérieur, alors dans un aérostat…
De plus Nadar préconise la technique du collodion humide afin de minimiser les temps de pause et obtenir une image la plus nette possible ; or cette technique est très complexe à mettre en oeuvre dans un espace aussi restreint qu'une nacelle.
Avant même l'hiver 1858, Nadar installe un laboratoire dans une nacelle et prend le premier cliché aérien, malheureusement celui-ci sort du bain de développement complètement voilé.
Après plusieurs échec, notamment dû au rejet d'hydrogène de l'aérostat qui corrompt les négatifs, il décide de voler jusqu'au Petit-Bicêtre (aujourd'hui Petit-Clamart). Le lendemain il arrime son aérostat à un pommier et remonte dans la nacelle, cependant, la nuit ayant été très froide, le ballon refuse de décoller; il vide alors la majeure partie du contenu de la nacelle et s'embarque avec une unique plaque qu'il vient à peine de sensibiliser. L'aérostat s'élève à 80 mètres du sol. La photographie une fois développée, on y voit, selon les termes de Nadar lui même : "une ferme, une auberge et la gendarmerie (…) on distingue parfaitement les tuiles des toits et sur la route une tapissière dont le charretier s'est arrêté court devant l'aérostat".
Cette aventure inspira le Cinq Semaines en Ballon de Jules Verne.

Gravure d'Honoré Daumier, ©inconnu.

De plus Michel Ardan (anagramme de Nadar), un des héros de De la Terre à la Lune et Autour de la Lune ressemble beaucoup au photographe : « C'est un homme de 42 ans, grand, mais un peu voûté déjà, comme ces cariatides qui portent des balcons sur leurs épaules. Sa tête forte, véritable hure de lion, secouait par instants une chevelure ardente, qui lui faisait une véritable crinière. Une face courte, large aux tempes, agrémentée d'une moustache hérissée comme les barbes d'un chat et de petits bouquets un peu égarés, un regard myope, complémentaient cette physionomie éminemment féline. »
(extrait de De la Terre à la Lune)
Les problèmes technologiques de l'époque (autant photographiques qu'aéronautiques) contraignent Nadar à attendre dix ans avant de retenter un vol. Il troque l'aérostat pour un ballon captif installé au dessus de l'Hippodrome de Paris à l'occasion de l'Exposition Universelle de 1868. Ce ballon est une création d'Henri Giffard, qui offre une très grande stabilité et très grande capacité dans sa nacelle. De plus Nadar limite son équipement au strict minimum : un appareil et quelques plaques sur lesquelles il réalise huit vues. Ainsi, le 16 juillet 1868, il photographie le quartier de l'étoile. C'est un de ces clichés qui sera agrandi, antidaté de 1858 et présenté en 1889 comme "le premier résultat de photographie aérostatique". Ces photographies ne sont absolument pas perpendiculaires par rapport au sol, et n'ont ainsi plus aucun lien avec le brevet déposé dix années auparavant. En effet, Nadar à abandonné l'idée d'une carte photographique, les conditions techniques de l'époque en faisant une véritable utopie.